Comme chaque année, mon enseignant Yogrishi Vishvketu fait un arrêt à Bologne pour y donner une retraite sur un weekend (routine de pratiques , transmissions d'enseignements et rituels) avant de retourner à Rishikesh pour guider les formations à l'ashram.
Cette année, enfin !, j'ai pu être de la partie et rejoindre ma famille de coeur juste là, en Europe. Quel cadeau ! Revoir tous ces visages et en découvrir de nouveaux, ces corps vêtus de blanc, de jaune, d'orange, être au contact de tant de bienveillance et de joie, et bien sûr dérouler mon tapis auprès de mon maître : tout cela m'a donné une impression forte d'être en Inde, en tout cas à l'ashram pour nos routines bienfaisantes et magiques. Je me suis délectée de chaque instant.
La thématique du weekend était autour du Point Zéro, ou "Shunyavad" : l'expérience du vide. Ceci est le seul et unique objectif du yoga : sortir de la dualité pour se retrouver dans l'unité, l'union, avec tout ce qui est. Il est regrettable que le yoga soit devenu, pour beaucoup, une activité de plus pour paraître dans notre monde moderne. Et on peut aussi le comprendre : dans un monde où l'égo est roi, tout le monde n'est pas disposé à s'intéresser réellement à une pratique qui apporte des changements profonds à l'intérieur, difficiles à montrer/prouver à l'extérieur.
"Yoga is NOT a work out, it is a work IN", nous rappelle sans cesse Yogrishi : le yoga n'est pas un travail/une pratique extérieure, c'est un chemin intérieur que seul.e nous pouvons apprécier et expérimenter sans forcément pouvoir ou devoir l'expliquer à l'extérieur. C'est un grand acte d'acceptation, à l'époque où chaque situation avantageuse est partagée sur les réseaux sociaux, que de se tourner vers soi sans vouloir rien prouver à personne, sans vouloir rien revendiquer, sans vouloir briller pour ce chemin courageux. Si on choisit la voie du yoga, où tout autre chemin de conscience, c'est pour soi, pas pour épater la galerie...
Cela me pose toujours question d'ailleurs, en tant qu'enseignante, sur comment je partage la beauté, la puissance, la profondeur et l'accessibilité de l'Akhanda Yoga à toustes tout en restant bien intègre, alignée et humble. C'est très important pour moi et même si je fais des erreurs, comme nous toustes, ces intentions sont claires pour moi et ce sont elles qui me guident dans ma pratique personnelle ainsi que dans ma transmission auprès des élèves.
Pour en revenir à ce weekend, Guruji a détricoté le concept de Shunyavad, ou le néant, l'équilibre de l'union des contraires, nous partageant l'ancien message des Nath Yogis qui explique clairement que c'est en acquérant la maîtrise des courants énergétiques opposés que l'on peut atteindre Shunyavad et aller vers Moksha, la libération ultime. Les pranayamas et la méditation étaient au centre des pratiques, comme c'est toujours le cas dans l'approche de l'Akhanda Yoga. Cela dit, j'ai bien perçu en 2019, lors de mon 3ème passage à l'ashram pour me former, que Vishvaji avait véritablement l'intention de nous pousser encore et encore vers la maitrise approfondie du souffle afin d'alimenter une pratique de méditation toujours plus aisée et intense, tout cela sans effort. "Grâce aux pranayamas, on ne fait pas l'action de méditer, la méditation vient par elle-même, c'est tout." Et nous avons eu 3 jours encore pour en (re)faire l'expérience par nous-mêmes, au cas où nous aurions oublié l'action directe de la pratique...
Chacun.e à notre manière, nous nous sommes approché.e.s de ce point zéro et avons nourri son expérience, également au travers du fire puja (rituel Agni Hotra, mon moment quotidien préféré à l'ashram que je vous expliquerai bientôt dans un prochain post), du kirtan et des satsangs (temps où traditionnellement les disciples se réunissent autour du maître pour poser des questions et recevoir des enseignements à l'oral).
Au-delà des temps de pratique (qui ont pris tout de même 80% de mon temps passé à Bologne), ce weekend a été l'occasion de connecter avec ma famille de coeur. C'est fou mais je suis encore surprise de voir comme il n'y a aucune barrière entre nous toustes, que nous nous connaissions un peu, beaucoup ou que ce soit la 1ère fois que nous nous retrouvions à côté sur nos tapis ou autour du rituel du feu. Il en va de même lorsque nous sortons de la salle de yoga pour aller déjeuner ou faire une pause au café du coin, comme à Rishikesh... Tout le monde s'accompagne, s'accueille, se relie, se sourie. Personne n'est laissé sur le bord du trottoir. Les bras s'ouvrent pour de grandes accolades, les rires éclatent de toute part, c'est une grande symphonie de vie complètement fluide et rafraîchissante. Chaque fois que je suis retournée à l'ashram ou que j'ai passé du temps avec des camarades de formation venus me visiter à Lyon par exemple, c'est l'occasion de réinitialiser plein de fonctionnements encore défaillants en moi. Grâce à cette famille, je reviens à la source, à mon point zéro en quelque sorte, avec une simplicité déconcertante.
Ce weekend m'a rappelé :
> que la pratique individuelle, la sadhana quotidienne, est indispensable mais que celle en groupe l'est tout autant : elle encourage chacun.e de nous, nous permet d'aller plus loin (dans les postures comme dans la profondeur de nos méditations) et apporte clairement une énergie supplémentaire et nécessaire pour avancer et se transformer
> que je ne suis pas seule et que la famille Akhanda est grande, très grande, puissante et à ma portée si l'élan me prends de me connecter : en plus de la cellule Akhanda à Bologne, les Akhanda yogi.ni.s sont de plus en plus nombreux en Europe
> qu'il est grand temps que je retourne à l'ashram : 3 ans c'est beaucoup trop long !
J'ai passé ces 3 jours bercée tantôt par le rire communicatif de mon maître, Vishvaji, tantôt par la transmission de ce qu'il a reçu lui-même de son maître Prem Nath Baba et des lignées de yogis depuis des millénaires. J'aime la joie, la légèreté, la folie même de Guruji qui inspire et réveille à sa manière unique la véritable nature de chacun.e d'entre nous. Et nous le lui rendons bien : hey, on a les élèves qu'on mérite...! Du coup, pour ceux qui me connaissent, si vous rencontriez ce petit homme drôlement sage et sagement drôle, vous verriez clair dans l'évidence : je suis une Akhanda Yogini ! Folle, libre, joyeuse, expansive, aimante, sans limite ni peur ! Et infiniment honorée de perpétuer de mon mieux la sagesse du yoga telles que nous l'enseigne Yogrishi Vishvketu et tous les profs qui forment l'Akhanda Yoga Institute. Fière de propager le plus respectueusement possible la voie traditionnelle du yoga à tous ceux et toutes celles qui ressentent l'appel.
Le soir même de fin de weekend, je me suis mise en route pour Crest, en Drôme, où je vis depuis 3 ans. Je suis arrivée tout juste pour donner mon premier cours de la semaine, le lundi midi au studio le 11 Yoga. J'étais épuisée par une nuit de 11h de bus entre Bologne et Lyon, un covoiturage jusqu'à ma voiture et le dernier bout du trajet au volant mais j'étais remplie à ras-bord. J'ai pu directement offrir tout ce qu'il y avait d'abondant en moi, partager les bénéfices directs de ce weekend et faire ce que je fais le plus naturellement sur cette terre : enseigner l'Akhanda Yoga !
"Vasudev Kutumbakam" - Nous sommes une même et grande famille
Si vous lisez ce texte avant le 15 Octobre 2023, sachez que le prochain stage Akhanda Yoga que j'organise en Drôme se passe du 19 au 22 Octobre et qu'à ce jour, il reste des places.
> Plus d'infos ICI.
Joie de partager avec vous et de vous guider sur le chemin de la liberté !
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